Resumé :
Alors que le parterre est déjà noir de monde, Grégoire et Christophe Maé, deux
des pur-sang de la prolifique écurie Jean-Claude Camus, assurent la première
partie dans une indifférence quasi générale. Les VIP débarquent, eux, au
compte-gouttes : Jean-Paul Belmondo, Michel Bouquet, Hugues Auffray, Chantal
Goya, Bernard Kouchner, Jean-Pierre Raffarin... Et Alain Delon, dont
l'apparition royale dans l'enceinte fait son petit effet à l'applaudimètre.
Le début du show est imminent. Impossible de ne pas se laisser aller à
quelques hypothèses pour l'entrée sur scène. Premières notes. Suspendu dans les
airs, le batteur descend à la vitesse d'un ascenseur. Soudain, un rideau
d'étincelles. Puis, Johnny, immobile, apparu de nulle part, recevant sa première
ovation avant de débuter a capella Ma gueule. Peut-être doit-on voir là-dedans
un pied de nez, lui qui a usé de toutes les arrivées spectaculaires. D'ailleurs,
le dispositif se veut suffisamment « discret » - tout est relatif - pour ne pas
ensevelir l'aspect purement musical. Un aigle en acier et aux yeux rouges
surplombe la scène installée à l'extrémité d'un Stade de France à la visibilité
aléatoire. D'où la possibilité pour certains de n'apercevoir qu'un Playmobil. Ce
qui frappe davantage, ce sont les variations autour des jeux de lumière et les
animations en images de synthèse.
Les hostilités peinent néanmoins à vraiment
démarrer. Je veux te graver dans ma vie, Joue pas de rock'n'roll pour moi et
Dégage s'enchaînent sans agitation. Arrive alors le frissonnant Diego pour
donner enfin un coup de booster. La voix de Johnny met encore tout le monde
d'accord : surpuissante, pénétrante, extra-terrestre. Jamais en effet l'homme
n'a semblé chanter aussi bien.
Que doit-on également retenir ? Un Marie
repris en choeur par la foule, un Que je t'aime fortement chargé en
testostérone, Un Gabrielle qui voit chacun croiser les poignets pour « mourir
d'amour enchaîné », Un Allumer le feu qui porte bien son nom, un Requiem pour un
fou à tomber à genoux. On passera sur Ça peut changer le monde où les écrans
diffusent des images de l'aimante Lætitia en mission humanitaire. Sang
pour Sang avec le fils David et le Bon temps du rock'n'roll avec
Sylvie Vartan.
Trémolos dans la voix
Johnny n'est plus un agité des
gambettes. Ce qui ne l'empêche d'être à la fois rageur et habité. Une partie de
la scène sur roulettes s'avance au milieu de l'arène. C'est l'instant unplugged.
Ou plutôt l'hommage Elvis Presley (Blue Suede Shoes, That's allright mama , I
got a woman).
« Il me manque vraiment beaucoup. Je ne peux pas chanter cette
chanson sans penser à lui ». Il ? Michel Berger. La chanson ?
Tennessee.
Place ensuite à un medley dans lequel il ressort les bonnes vieilleries qui
avaient quitté son répertoire (Les coups , Noir c'est noir, Seul, Aussi dur que
du bois, Jusqu'à minuit ). La fin se fait proche. Johnny entame une version
contagieuse de L'envie. Le pont instrumental du morceau embrase le Stade de
France. Trémolos dans la voix, le rockeur est à deux doigts de verser sa larme :
« Ces cinquante années passées avec vous, je ne les oublierai jamais. Du plus
profond de mon coeur, je vous aime ».
Rappel. Ça ne finira jamais a des
allures de volte-face. Sentiment balayé par le magistral Et maintenant, emprunté
à « Monsieur 100 000 volts ». Ultimes roulements de tambour. Ultime
ovation.