fabrice gottraux
Publié le 09
octobre 2006
Un roulement de tambour, suivi d'une symphonie martiale, puis la pénombre.
Sur fond de mitraillettes en rafale et sirènes mugissantes, les projecteurs
balaient la foule, avant de s'arrêter sur la scène. Lever de rideau. Un paysage
ravagé par la guerre, envahi de chauve-souris, défile en toile de fond. La
lumière se concentre au centre de l'écran. Une ombre se dessine. Les 9000
personnes amassées dans l'Arena hurlent à s'en péter les tympans. Samedi 20 h
15, Johnny Hallyday, 63 ans et quarante-six années de scène, se présente à son
public.
 Johnny Hallyday. Samedi et dimanche, 18?000 personnes
se sont rendues à l?Arena pour accueillir leur idole. (© Pierre
Abensur) |
Encadré par trois pans de béton monumental suggérant un «Metropolis Théâtre»
en ruine, le rocker entame avec L'envie un tour de chant plus sobre qu'à
l'ordinaire, savamment rock'n'roll, juste impressionnant ce qu'il faut. Point de
moto rugissante, ni élévation en monte-charge. Aucun changement de tenue. Pour
ces deux heures de concert, les effets de manches scéniques se limiteront à deux
coups de fumigène, un mur de flammèches et les images du concert projetées à la
manière des clips vidéo contemporain.
Sur fond de scène rococo, avec
colonnettes et rideau rouge, les mercenaires de Hallyday chauffent les tubes à
grand coup de hard FM. Johnny rugit, jambes écartées, esquisse un twist,
empoigne une guitare, puis prend une pause à mi-parcours. C'est qu'elle n'est
plus toute jeune, l'idole des sixties. N'empêche, pour assagi qu'il soit, le
chanteur préféré des quinquagénaires – la majorité des spectateurs – assure sa
partie.
Aux inévitables Ma gueule, Que je t'aime et Quelque
chose de Tennessee, répond le rock'n'roll pur et dur, avec les reprises de
Hey Joe et une citation bien amenée de l'éternel Chuck Berry. On réduit
l'espace scénique, chacun prend son tabouret, et c'est parti pour un
Pénitencier en version «unplugged». Consensuel mais
convaincant.
Fin de set. Tandis qu'au bar, un jeune admirateur beugle à
tue-tête «Oh! Marie…», dans la salle, on chante en chœur «Johnny Hallyday» sur
l'air de «On est les champions». Des gradins, où la «nouvelle» génération de
fans s'était rendue avec ses enfants déjà ados, et du parterre, lieu privilégié
des purs et durs, beaucoup de quinquas moustachus portant jeans et veste de
cuir, la foule retourne dans ses pénates, heureuse d'avoir retrouvé une fois
encore le dieu des stades français. Ils sont venus des quatre coins de la Suisse
romande et de France voisine, comme ce groupe endimanché mêlant Genevois et
Savoyards. Les mieux placés auront entraperçu Laeticia, épouse du chanteur.
D'autres auront pris leur mal en patience pour braver les embouteillages aux
abords de l'Arena.
http://www.tdg.ch/tghome/toute_l_info_test/l_evenement/johnny__9_10_.html