Un triomphe de
plus pour Johnny Hallyday à Forest National
BRUXELLES Tout le monde le sait : s'il est une
authentique bête de scène, Johnny Hallyday est
habituellement assez avare de mots lorsqu'il est face à
son public. Mardi soir, à Forest National, il s'amusait
néanmoins lorsque les gens chantaient avec lui. Il avait
des remarques du type : "Je vais pouvoir me vanter
d'avoir la plus grande chorale du monde !".
Puis, en plein milieu du show, à la fin de sa chanson
Cours plus vite Charlie , il dit : "Je vous
entends bien, mais je ne vous vois pas. C'est un peu
malheureux parce que, moi aussi, j'ai envie de vous
voir. Est-ce que les techniciens pourraient éclairer la
salle ?".
Aussitôt dit, aussitôt fait. A priori, me direz-vous,
cela n'est rien. Juste une salle qui s'éclaire. À la
limite, cela pourrait même faire antispectacle.
Mais chez Johnny, les moindres choses prennent une
dimension extraordinaire. La preuve, ici ! Ce petit rien
du tout fut sans doute le plus chaud moment du
spectacle. Car les gens avaient le sentiment de se
trouver face à face avec leur idole. À peine les
lumières allumées, les gens des gradins se levèrent
comme un seul homme. En bas, où on est debout depuis le
départ, c'était la folie. Un triomphe inimaginable.
On a même eu l'impression que Johnny lui-même en
était un peu surpris car il a rallongé sa présentation
habituelle de la chanson suivante, Toute la musique
que j'aime . Comme si, lui-même, il voulait
prolonger cette communion intense avec son public.
Des moments pareils, aucune diffusion en télé et
aucun DVD ne pourront jamais les faire passer.
Car tout était là, mardi soir, avant le début du
show. Les fans de Johnny connaissaient le répertoire du
show depuis la sortie du CD live, le 4 septembre. Aucune
surprise à attendre de ce côté-là. De même, ils avaient
vu les décors et les vêtements d'une autre ère, portés
par Johnny, ses musiciens et ses deux choristes noires,
lors de la sortie de cet extraordinaire DVD et aussi de
la diffusion sur TF1 d'un direct à Bercy, fin septembre.
Finalement, c'était un peu comme aller au cinéma pour
un film policier en connaissant le nom de l'assassin.
Mais non ! Ceux qui ont déjà des billets pour les
prochains shows de Johnny à Forest, ce vendredi et ce
samedi, ainsi que les 20 et 21 février (il reste encore
des places en vente pour le 21), peuvent être rassurés,
ce spectacle, en vrai, apporte une dimension
irremplaçable.
Il n'y a pas, loin s'en faut, que le coup de la salle
allumée pour le prouver.
La première chose aura même probablement échappé à la
plupart des spectateurs : une musique d'attente de type
wagnérien. La deuxième aussi : de sa vie, Johnny
Hallyday n'a jamais été aussi ponctuel. À 20 heures 15,
le spectacle commence. À 22 heures 30, il est terminé.
Ce qui laisse quand même plus de deux heures de show
intense.
Puis il y a la découverte de ce décor grandiose, cet
opéra en ruine. On a beau l'avoir déjà vu sur son écran
de télé, c'est un coup de poing !
Jusqu'à l'interprétation, dans le final, de La
quête de Brel , enrichie, aujourd'hui, par plus de
cinquante interprétations. C'est encore plus parfait que
sur les disques.
Eddy Przybylski
© La Dernière Heure
2006
http://www.dhnet.be/dhculture/article.phtml?id=158873